La familia grande

Camille Kouchner se livre sans voyeurisme dans se récit où les mots crus sont utilisés avec parcimonie; juste pour mettre les mots justes au bon moment. On est loin de soupçonner la perversité qui peut exister dans ces grandes familles d'intellectuels de gauche que l'on pensait sans reproches. C'est très courageux de sa part de nous livrer ce récit. Finalement on se trouve chanceux d'être né dans une famille beaucoup plus modeste, d'avoir eu une famille aimante et surtout loin de ces déviances.

Plongé dans un univers de gens haut-placés ou règne richesse, féminisme, prestige … Que rêver de mieux ! tout doit être si beau dans ce monde élitiste où les auras des grands illuminent le chemin des plus petits. Pourtant la liberté vante l’égoïsme et le détachement affectif, comprenant que mai 68 et la guerre froide ont transformés les relations humaines. Suicides inexpliqués, jeux de puissance et de fragilité, de domination et de docilité, de séduction et de dégout sont au rendez-vous. Un équilibre bancal qui efface les repères de chacun jusqu’à ce que la haine s’accroisse au fil de la vie et inverse les rôles. C’est ainsi qu’à travers un regard complice où les raisons de l'être sont inconnues, le mal est pourtant perceptible mais la puissance et l’adoration rendent muet… cette complicité mêlée à la culpabilité fait naitre un hydre dansant intérieurement, parasitant à jamais une vie … Penser que seule la victime souffre est faux. A travers sa gémellité, complice malgré elle et piégée par des obligations de secret et de naïveté pourra-t-elle un jour espérer échapper à cette lourde responsabilité dont les êtres qui lui sont chers lui reprochent… affaire à suivre