Lignes N° 51, octobre 2016
Quels matérialismes ? Pour quels mondes ?

Par : Michel Surya
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  • Nombre de pages187
  • PrésentationBroché
  • FormatGrand Format
  • Poids0.278 kg
  • Dimensions16,0 cm × 21,0 cm × 1,0 cm
  • ISBN978-2-35526-161-9
  • EAN9782355261619
  • Date de parution10/10/2016
  • ÉditeurNouvelles Editions Lignes

Résumé

Selon Althusser, le matérialisme ne saurait être conséquent qu'à la condition de se fonder dans la contingence pure, c'est-à-dire : dans l'absence de tout fondement, de toute origine comme de toute fin. Evoquer ce matérialisme aléatoire, comme Althusser l'a désigné, c'est ainsi inviter à penser la conséquence des matérialismes qui se proposent, qui s'évanouissent, ou qu'il s'agit même d'inventer à cette époque qui est la nôtre.
A l'ère de l'Anthropocène - c'est-à-dire d'un capitalisme industriel dont nul n'ignore plus le caractère globalement destructeur -, et de conflits qui redessinent la carte des rapports de force tout en inventant de nouveaux fronts, la globalisation à laquelle doit se mesurer toute pensée se voulant contemporaine n'exige rien d'autre qu'un matérialisme au moins planétaire. Formule qu'on mettra tout de suite en rapport avec "l'économie à l'échelle de l'univers" de Bataille, pour que s'y profilent deux dimensions matériellement incontournables : d'abord le bas (hétérogénéité de la matière toujours déliquescente), ensuite l'énergie (de sa surabondance solaire à la fin de celle-ci, en passant par ce proche avenir dans lequel nous entrons déjà d'antagonismes politiques violents fomentés par les appropriations inégales de sa valeur).
Dans ce contexte, nos formes de guerre (version économique comprise) et de surveillance extra-étatiques quasi légales recoupent la surface de la planète selon des réseaux mobiles non moins machiniques qu'idéologiques et meurtriers, grâce en partie à une prothétisation chirurgicale et commerciale des corps humains et autres qui, pour n'avoir rien de nouveau, n'en est pas moins en plein essor historique.
(Il n'y a pas jusqu'à la misère la plus pauvre qui ne s'articule dorénavant à l'échelle du cosmos, ou de ce qui en tient lieu.) Nourrissant ces réalisations technologiques, les manipulations génétiques et épigénétiques posent à nouveaux frais le rapport forme-substance, pendant que les neurosciences proposent une compréhension du cerveau face à laquelle le vieux couple corps-esprit peut sembler définitivement périmé.
Quels sont les pensées, les pratiques, les modes d'existence de la matière ici à l'oeuvre ? Quels sont ceux qu'ils auront remplacés, par quelles luttes, à l'avantage de qui ou de quoi ? Surtout peut-être : quelles pensées, quelles pratiques, quels modes d'existence convient-il maintenant d'inventer ? Philosophies de la technologie, du numérique, "nouveaux matérialismes", ontologies "orientées vers l'objet" répondent tous déjà à ces questions ; quelles réponses nouvelles faut-il y ajouter, voire y opposer ?
Selon Althusser, le matérialisme ne saurait être conséquent qu'à la condition de se fonder dans la contingence pure, c'est-à-dire : dans l'absence de tout fondement, de toute origine comme de toute fin. Evoquer ce matérialisme aléatoire, comme Althusser l'a désigné, c'est ainsi inviter à penser la conséquence des matérialismes qui se proposent, qui s'évanouissent, ou qu'il s'agit même d'inventer à cette époque qui est la nôtre.
A l'ère de l'Anthropocène - c'est-à-dire d'un capitalisme industriel dont nul n'ignore plus le caractère globalement destructeur -, et de conflits qui redessinent la carte des rapports de force tout en inventant de nouveaux fronts, la globalisation à laquelle doit se mesurer toute pensée se voulant contemporaine n'exige rien d'autre qu'un matérialisme au moins planétaire. Formule qu'on mettra tout de suite en rapport avec "l'économie à l'échelle de l'univers" de Bataille, pour que s'y profilent deux dimensions matériellement incontournables : d'abord le bas (hétérogénéité de la matière toujours déliquescente), ensuite l'énergie (de sa surabondance solaire à la fin de celle-ci, en passant par ce proche avenir dans lequel nous entrons déjà d'antagonismes politiques violents fomentés par les appropriations inégales de sa valeur).
Dans ce contexte, nos formes de guerre (version économique comprise) et de surveillance extra-étatiques quasi légales recoupent la surface de la planète selon des réseaux mobiles non moins machiniques qu'idéologiques et meurtriers, grâce en partie à une prothétisation chirurgicale et commerciale des corps humains et autres qui, pour n'avoir rien de nouveau, n'en est pas moins en plein essor historique.
(Il n'y a pas jusqu'à la misère la plus pauvre qui ne s'articule dorénavant à l'échelle du cosmos, ou de ce qui en tient lieu.) Nourrissant ces réalisations technologiques, les manipulations génétiques et épigénétiques posent à nouveaux frais le rapport forme-substance, pendant que les neurosciences proposent une compréhension du cerveau face à laquelle le vieux couple corps-esprit peut sembler définitivement périmé.
Quels sont les pensées, les pratiques, les modes d'existence de la matière ici à l'oeuvre ? Quels sont ceux qu'ils auront remplacés, par quelles luttes, à l'avantage de qui ou de quoi ? Surtout peut-être : quelles pensées, quelles pratiques, quels modes d'existence convient-il maintenant d'inventer ? Philosophies de la technologie, du numérique, "nouveaux matérialismes", ontologies "orientées vers l'objet" répondent tous déjà à ces questions ; quelles réponses nouvelles faut-il y ajouter, voire y opposer ?
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