Les derniers avis

L'Histoire du suppositoire qui voulait échapper à sa destinée
Avis posté le 2023-02-26
Intelligent, subtil et drôle
Alex Vizorek et Caroline Allan racontent avec beaucoup d’humour et de finesse l’histoire de ce suppositoire. Leur plume est pleine de fantaisie et on ne trouvera ici aucune vulgarité pour désacraliser cette forme de médicament si particulière. Ils jouent avec les références et les filtres pour s’adresser aux enfants comme aux adultes. Les illustrations de Karo Pauwels à l’aquarelle sont d’une grande qualité et en harmonie parfaite avec le ton du récit.
Une réussite donc pour Alex Vizorek qui n’en est pas à son premier essai dans le registre de l’écriture jeunesse mais qui a eu bien des difficultés à faire accepter ce livre et à le faire éditer.
Alex Vizorek et Caroline Allan racontent avec beaucoup d’humour et de finesse l’histoire de ce suppositoire. Leur plume est pleine de fantaisie et on ne trouvera ici aucune vulgarité pour désacraliser cette forme de médicament si particulière. Ils jouent avec les références et les filtres pour s’adresser aux enfants comme aux adultes. Les illustrations de Karo Pauwels à l’aquarelle sont d’une grande qualité et en harmonie parfaite avec le ton du récit.
Une réussite donc pour Alex Vizorek qui n’en est pas à son premier essai dans le registre de l’écriture jeunesse mais qui a eu bien des difficultés à faire accepter ce livre et à le faire éditer.

Vivre vite
Avis posté le 2022-10-24
Bouleversant
La maison sera rasée pour laisser place à une route. La narratrice, qui n’est autre que l’auteur, tourne une page de plus de vingt ans. Vingt ans qu’elle aurait dû passer dans cette maison avec Claude, son mari, et son fils Théo.
Le 22 juin 1999, la frénésie du déménagement et des projets de rénovation de cette vieille bâtisse lyonnaise ne seront plus que de lointains souvenirs. Claude est victime d’un accident de moto qui lui coûtera la vie.
En usant du « si », Brigitte Giraud construit son récit à la manière du modèle des plaques de Reason. Ainsi décortique-t-elle minute après minute les quelques jours qui ont précédé la mort de son mari. C’est une véritable autopsie de leur quotidien pour mettre en lumière les évènements qui seraient passés inaperçus s’ils n’avaient pas conduit à l’accident. Une occasion de se rappeler qu’on ne vivait pas tout à fait de la même manière à cette époque où téléphone mobile et limitations de vitesse étaient des concepts nouveaux. De cette manière, à sa manière, elle exorcise la souffrance, la douleur de l’absence et la culpabilité sans jamais les nommer ou les exprimer directement.
La route lui a pris son mari, lui prend sa maison et Brigitte Giraud prend le chemin de la guérison par l’acceptation. Lâcher les armes pour mieux lâcher prise et vivre. Elle choisit par les mots de cautériser cette blessure qui l’a trop rongée silencieusement et de dérouler une dernière fois le fil de soie si fin et fragile qui tissait leur bonheur.
Elle le fait avec lucidité, pudeur et élégance, rendant ce livre d’autant plus bouleversant.
La maison sera rasée pour laisser place à une route. La narratrice, qui n’est autre que l’auteur, tourne une page de plus de vingt ans. Vingt ans qu’elle aurait dû passer dans cette maison avec Claude, son mari, et son fils Théo.
Le 22 juin 1999, la frénésie du déménagement et des projets de rénovation de cette vieille bâtisse lyonnaise ne seront plus que de lointains souvenirs. Claude est victime d’un accident de moto qui lui coûtera la vie.
En usant du « si », Brigitte Giraud construit son récit à la manière du modèle des plaques de Reason. Ainsi décortique-t-elle minute après minute les quelques jours qui ont précédé la mort de son mari. C’est une véritable autopsie de leur quotidien pour mettre en lumière les évènements qui seraient passés inaperçus s’ils n’avaient pas conduit à l’accident. Une occasion de se rappeler qu’on ne vivait pas tout à fait de la même manière à cette époque où téléphone mobile et limitations de vitesse étaient des concepts nouveaux. De cette manière, à sa manière, elle exorcise la souffrance, la douleur de l’absence et la culpabilité sans jamais les nommer ou les exprimer directement.
La route lui a pris son mari, lui prend sa maison et Brigitte Giraud prend le chemin de la guérison par l’acceptation. Lâcher les armes pour mieux lâcher prise et vivre. Elle choisit par les mots de cautériser cette blessure qui l’a trop rongée silencieusement et de dérouler une dernière fois le fil de soie si fin et fragile qui tissait leur bonheur.
Elle le fait avec lucidité, pudeur et élégance, rendant ce livre d’autant plus bouleversant.

Les enfants sont rois
Avis posté le 2022-09-25
A lire absolument !
Dans les années 2000, l'offre télévisuelle est bouleversée par l'apparition de la télé-réalité. Chez Mélanie Claux, c'est en famille que l'on suit chaque soir les aventures des « lofteurs », ces jeunes inconnus enfermés dans un grand appartement en carton-pâte truffé de caméras et de micros. le succès facile et rapide, le bonheur d'être adulé et de susciter l'intérêt, tel devient le nouvel objectif de l'adolescente qui ne vit plus que pour et par cela. A dix-sept ans, elle rejoint Paris, là où tout se passe.
Mais comme toujours, beaucoup d'appelés, peu d'élus et Mélanie se trouve bien vite confrontée à l'échec. Mariée et mère de deux enfants, Sammy et Kimmi, les années ont passé mais l'ambition reste la même. Qu'à cela ne tienne, si la télévision n'a pas voulu d'elle, Mélanie usera d'autres médias bien plus puissants pour attirer la lumière et la voilà reconvertie en YouTubeuse et Instagrammeuse acharnée.
Clara Roussel regarde « Loft Story » en cachette. Pour ses parents, ces programmes sont le symbole d'une dégénérescence programmée. Elle quitte le domicile familial et part pour la Capitale afin d'y poursuivre ses études de droit. Au grand dam de ses parents, elle décide d'entrer dans la Police. Elle y occupe la fonction très particulière de Procédurière, petite fourmi discrète sans qui aucune enquête ne pourrait être sécurisée voire même résolue.
C'est la disparition de Kimmi qui va relier ces deux femmes que tout oppose.
L'histoire de Mélanie Claux n'est finalement qu'une toile de fond pour analyser le désir de popularité, le besoin de l'amour d'illustres inconnus supplantant l'amour de ses proches, le succès qui aveugle. Delphine de Vigan explore le monde de ceux qui ont fait de leur vie et de leur famille une entreprise à part entière en les surexposant pour mieux les commercialiser, de ceux qui les utilisent pour vendre plus. Un sujet complexe qu'elle aborde de manière intelligente et très habile, maniant à la fois style documentaire, intrigue et dystopie. Cela fait froid dans le dos et bouscule, tout y est justement dosé. Elle lance subtilement les signaux pour alerter sur les conséquences à court et long termes d'un système qui s'auto-alimente en donnant l'illusion d'être maîtrisé et sécurisé.
D'abord un peu dubitative quant au sujet abordé et à la plume de Delphine de Vigan dont je me faisais une fausse idée, j'ai pris grand plaisir à lire ce roman. Un style simple mais très efficace. La réflexion menée et la pertinence des points de vue ne m'ont pas laissée indifférente.
Dans les années 2000, l'offre télévisuelle est bouleversée par l'apparition de la télé-réalité. Chez Mélanie Claux, c'est en famille que l'on suit chaque soir les aventures des « lofteurs », ces jeunes inconnus enfermés dans un grand appartement en carton-pâte truffé de caméras et de micros. le succès facile et rapide, le bonheur d'être adulé et de susciter l'intérêt, tel devient le nouvel objectif de l'adolescente qui ne vit plus que pour et par cela. A dix-sept ans, elle rejoint Paris, là où tout se passe.
Mais comme toujours, beaucoup d'appelés, peu d'élus et Mélanie se trouve bien vite confrontée à l'échec. Mariée et mère de deux enfants, Sammy et Kimmi, les années ont passé mais l'ambition reste la même. Qu'à cela ne tienne, si la télévision n'a pas voulu d'elle, Mélanie usera d'autres médias bien plus puissants pour attirer la lumière et la voilà reconvertie en YouTubeuse et Instagrammeuse acharnée.
Clara Roussel regarde « Loft Story » en cachette. Pour ses parents, ces programmes sont le symbole d'une dégénérescence programmée. Elle quitte le domicile familial et part pour la Capitale afin d'y poursuivre ses études de droit. Au grand dam de ses parents, elle décide d'entrer dans la Police. Elle y occupe la fonction très particulière de Procédurière, petite fourmi discrète sans qui aucune enquête ne pourrait être sécurisée voire même résolue.
C'est la disparition de Kimmi qui va relier ces deux femmes que tout oppose.
L'histoire de Mélanie Claux n'est finalement qu'une toile de fond pour analyser le désir de popularité, le besoin de l'amour d'illustres inconnus supplantant l'amour de ses proches, le succès qui aveugle. Delphine de Vigan explore le monde de ceux qui ont fait de leur vie et de leur famille une entreprise à part entière en les surexposant pour mieux les commercialiser, de ceux qui les utilisent pour vendre plus. Un sujet complexe qu'elle aborde de manière intelligente et très habile, maniant à la fois style documentaire, intrigue et dystopie. Cela fait froid dans le dos et bouscule, tout y est justement dosé. Elle lance subtilement les signaux pour alerter sur les conséquences à court et long termes d'un système qui s'auto-alimente en donnant l'illusion d'être maîtrisé et sécurisé.
D'abord un peu dubitative quant au sujet abordé et à la plume de Delphine de Vigan dont je me faisais une fausse idée, j'ai pris grand plaisir à lire ce roman. Un style simple mais très efficace. La réflexion menée et la pertinence des points de vue ne m'ont pas laissée indifférente.