L’auteur raconte la dépression et le suicide de son père, lorsque lui-même avait treize ans. Pas à la première personne du singulier ni du pluriel, mais, comme dans une sorte de mise à distance ou d’autopsie, en mentionnant son père par Jim, et lui-même par David. Le récit n’en est pas pour autant froid le moins du monde, au contraire : avec une immense empathie, David reconstruit ce qui a dû se dérouler dans la tête de son père lors de ses derniers jours, lorsqu’il est venu d’Alaska où il résidait, seul, pour visiter une dernière fois sa famille en Californie : ses deux ex-femmes et ses enfants, ses parents, son frère et un ami d’enfance.
David n’a que peu de clés pour expliquer le mal-être paternel, juste quelques bribes d’observation familiale qui peuvent servir de début de pistes. L’objet du livre n’est pas d’expliquer, mais de plonger dans la peau et la tête de Jim pour tenter de ressentir la même chose que lui, dans une sorte d’introspection par procuration.
On imagine sans peine l’épreuve qu’à pu représenter pour l’auteur l’écriture de ce livre. Mais sans doute fut-elle moins pesante que l’écrasante interrogation que laisse un suicidé à ses proches. Cette lecture oppressante n’est pas une partie de plaisir : c’est une immersion dans un désespoir noir, un vide sans fond, une absence de sens qui n’a qu’une inéluctable issue.
Face à son délire suicidaire accompagné de pulsions meurtrières, en cette fin d’années soixante-dix, Jim ne rencontre guère de soutien : sa famille, effrayée et perdue, se réfugie dans un certain déni et ne réalise sans doute pas complètement la gravité de la situation. Le psychiatre ne prend pas les mesures de protection qui aurait peut-être pu protéger Jim malgré lui. On s’effraye lorsque, entouré d’armes à feu dans cette famille passionnée de chasse, pour laquelle tirer semble aussi naturel et vital que respirer, Jim est maintes fois tenté, dans ses accès de colère désespérée, d’emmener ses proches ou des inconnus dans son dernier geste : il ne saurait y avoir de plaidoyer plus évident contre la légalisation du port d’armes aux Etats-Unis.
J’ai refermé ce livre sur une sensation glaçante de noir vertige et d’impuissance désolée, face à une double et incommensurable souffrance : celle de Jim qui n’a trouvé d’issue que fatale, et celle de David, son fils, marqué de manière indélébile au point de tenter de revivre le supplice paternel par le biais de l’écriture.
L’auteur raconte la dépression et le suicide de son père, lorsque lui-même avait treize ans. Pas à la première personne du singulier ni du pluriel, mais, comme dans une sorte de mise à distance ou d’autopsie, en mentionnant son père par Jim, et lui-même par David. Le récit n’en est pas pour autant froid le moins du monde, au contraire : avec une immense empathie, David reconstruit ce qui a dû se dérouler dans la tête de son père lors de ses derniers jours, lorsqu’il est venu d’Alaska où il résidait, seul, pour visiter une dernière fois sa famille en Californie : ses deux ex-femmes et ses enfants, ses parents, son frère et un ami d’enfance.
David n’a que peu de clés pour expliquer le mal-être paternel, juste quelques bribes d’observation familiale qui peuvent servir de début de pistes. L’objet du livre n’est pas d’expliquer, mais de plonger dans la peau et la tête de Jim pour tenter de ressentir la même chose que lui, dans une sorte d’introspection par procuration.
On imagine sans peine l’épreuve qu’à pu représenter pour l’auteur l’écriture de ce livre. Mais sans doute fut-elle moins pesante que l’écrasante interrogation que laisse un suicidé à ses proches. Cette lecture oppressante n’est pas une partie de plaisir : c’est une immersion dans un désespoir noir, un vide sans fond, une absence de sens qui n’a qu’une inéluctable issue.
Face à son délire suicidaire accompagné de pulsions meurtrières, en cette fin d’années soixante-dix, Jim ne rencontre guère de soutien : sa famille, effrayée et perdue, se réfugie dans un certain déni et ne réalise sans doute pas complètement la gravité de la situation. Le psychiatre ne prend pas les mesures de protection qui aurait peut-être pu protéger Jim malgré lui. On s’effraye lorsque, entouré d’armes à feu dans cette famille passionnée de chasse, pour laquelle tirer semble aussi naturel et vital que respirer, Jim est maintes fois tenté, dans ses accès de colère désespérée, d’emmener ses proches ou des inconnus dans son dernier geste : il ne saurait y avoir de plaidoyer plus évident contre la légalisation du port d’armes aux Etats-Unis.
J’ai refermé ce livre sur une sensation glaçante de noir vertige et d’impuissance désolée, face à une double et incommensurable souffrance : celle de Jim qui n’a trouvé d’issue que fatale, et celle de David, son fils, marqué de manière indélébile au point de tenter de revivre le supplice paternel par le biais de l’écriture.