L'ingénierie politique a connu un succès foudroyant après les Révolutions américaine et française, et a évolué de pair avec le développement du constitutionnalisme. Pour la première fois, des "modèles" se substituaient aux utopies et étaient proposés à la réflexion, à la critique et à l'action des gouvernés et des gouvernants. Cet engouement, déjà amorcé au XVIIIème siècle avec la célébration - quelque peu mythifiée - de la constitution anglaise, ne cessera de s'amplifier au XlXème siècle. En effet, de nouvelles nations émergent et le mimétisme institutionnel gagne du terrain, notamment dans le champ administratif. Au XXème siècle enfin, la technologie de l'import-export institutionnel, de l'imitation plus ou moins servile de référents idéal-typiques, devient quasi-caricaturale avec l'effondrement des empires (austro-hongrois, ottoman) d'abord, l'émergence de superpuissances ensuite, la décolonisation enfin. Ces greffes, plus ou moins artificielles dans des systèmes étrangers, suscitent parfois des réactions de rejet dont témoignent de nombreuses faillites dans les pays du tiers-monde. Mais les cas de réussite ne manquent pas, pour peu qu'une habile politique d'adaptation et d'ajustement ait été conçue par les promoteurs de ces réformes. C'est à une réflexion sur ces technologies, sur les stratégies qui les ont portées, sur les élites qui les ont promues, qu'invitent les contributions de ce volume dans une double dimension temporelle - du XVIIIème à nos jours - et spatiale, de l'Amérique du nord et du sud à l'Est européen, des pays colonisateurs aux pays colonisés.
L'ingénierie politique a connu un succès foudroyant après les Révolutions américaine et française, et a évolué de pair avec le développement du constitutionnalisme. Pour la première fois, des "modèles" se substituaient aux utopies et étaient proposés à la réflexion, à la critique et à l'action des gouvernés et des gouvernants. Cet engouement, déjà amorcé au XVIIIème siècle avec la célébration - quelque peu mythifiée - de la constitution anglaise, ne cessera de s'amplifier au XlXème siècle. En effet, de nouvelles nations émergent et le mimétisme institutionnel gagne du terrain, notamment dans le champ administratif. Au XXème siècle enfin, la technologie de l'import-export institutionnel, de l'imitation plus ou moins servile de référents idéal-typiques, devient quasi-caricaturale avec l'effondrement des empires (austro-hongrois, ottoman) d'abord, l'émergence de superpuissances ensuite, la décolonisation enfin. Ces greffes, plus ou moins artificielles dans des systèmes étrangers, suscitent parfois des réactions de rejet dont témoignent de nombreuses faillites dans les pays du tiers-monde. Mais les cas de réussite ne manquent pas, pour peu qu'une habile politique d'adaptation et d'ajustement ait été conçue par les promoteurs de ces réformes. C'est à une réflexion sur ces technologies, sur les stratégies qui les ont portées, sur les élites qui les ont promues, qu'invitent les contributions de ce volume dans une double dimension temporelle - du XVIIIème à nos jours - et spatiale, de l'Amérique du nord et du sud à l'Est européen, des pays colonisateurs aux pays colonisés.