Le photographe et la danseuse. Un art de la calligraphie

Le photographe et la danseuse se croisent quand ils ont de la chance, dans les aéroports. Un beau jour, après avoir comparé, sur leur ordinateur portable, leurs cartes de longitudes et de latitudes, ils se sont rendu compte que le point focal de leurs voyages respectifs recoupait leur point de fuite imaginaire, à Bordeaux. La danse et la photographie exigent d'elle une image épurée de tout artifice vestimentaire et de tout artefact de mise en scène. Une œuvre photographique exige, de lui, qu'il prenne le mouvement comme une pose, l'improvisation comme une composition, l'instant d'un centième de seconde comme l'esquisse éternelle d'une perspective. Les images, d'un corps qui crée l'espace et le temps épousés, explosent de couleur les regards oubliés. Le photographe et la danseuse peuvent repartir, incognito, dans leurs tours du monde respectifs, avec, comme seuls joyaux à déclarer, leurs calligraphies dans l'espace qui traverseront le temps. En ces temps de corps surexposés et fantasmés et d'éphémères mondialisés, Jennifer Brie et Hervé Lefebvre s'effacent derrière leur œuvre en nous ciselant un joyau : le corps et les figures en mouvement d'une danseuse et le projecteur et le regard d'un photographe, sublimés dans leur art de la calligraphie.