Le goûter du lion

Quand Shizuku cesse de lutter avec la vie et décide d'aller à sa rencontre selon ses besoins à elle, non ceux des autres ou de la société, chaque instant devient une occasion de célébrer le simple fait de respirer, manger, dormir, embrasser, caresser un chien, boire un café. Vivre ! Le bonheur, au Goûter du Lion, c'est un cœur qui bat dans l'odeur du vent parfumé aux citrons face au bleu tranquille de la mer intérieure. Encore meilleur que "La Papeterie Tsubaki", selon moi.

Dans ce roman, nous découvrons le portrait de Shizuku, une jeune femme atteinte d'un cancer de type 4, venue profiter de ses derniers instants à la maison de repos du Lion afin de savourer et se délecter d'un repos incontestablement précieux. Shizuku n'a évidemment pas choisi n'importe quel lieu. Elle a choisi celui où la mer se perd dans le ciel, où le soleil dore sur l'eau et où elle peut revivre des souvenirs bien précis à travers un dernier succulent goûter tout en savourant le calme paisible de l’île aux citrons. Si Shizuku tient tant à venir ici c'est avant tout pour la particularité de la maison au lion. En effet, en arrivant, chaque patient note sur un papier le souvenir d'une pâtisserie, d'un goûter qu'il aimerait déguster une dernière fois. Ainsi, chaque dimanche, la maison au lion pioche un souvenir et réalise le goûter choisi afin d'honorer la mémoire du patient. Ogawa signe un roman empreint de douleur et de tendresse mais terriblement lumineux, attendrissant et gourmand. C'est une petite douceur que l'on savoure à chaque instant. En effet, même si l'autrice aborde un sujet fatalement poignant, la douceur, la sensibilité et la poésie qui accompagnent l'écriture se délectent avec un savoureux plaisir qui nous rappelle indéniablement la douceur d'un bonbon qu'on laisse fondre sous la langue. Ainsi, malgré la difficulté du sujet, l'autrice n'hésite pas à montrer que chaque instant présent est précieux et inestimable à travers les souvenirs, le partage, les saveurs partagées et goûtées, la tranquillité d'un lieu reposant et le courage que l'on découvre à vivre ses derniers instants sans retenue et sans peur.

Shizuku n’a plus que quelques jours à vivre. Elle décide de se rendre à la maison du Lion, un lieu dédié aux personnes en fin de vie pour y passer ses derniers instants. Pour ses derniers jours, elle y fera des rencontres, toutes aussi marquantes les unes que les autres tout en profitant de la beauté des lieux. Un récit d’une grande tendresse, doux et poétique, d’une force émotionnelle rare. Bien sûr les yeux s'humidifient, mais jamais l'autrice ne tombe dans le pathos. Au contraire, l'envie de vivre n'en est que plus forte après la lecture. Une ode à la vie magnifique.