L'Antipapisme révélé ou les Rêves de l'antipapiste (1767)

De même que la science n’a évolué à pas de géants que sous l’impulsion de contradicteurs effrontés, d’anticonformistes, de rebelles ou d’utopistes suicidaires, il est admis que les auteurs les plus éloignés des palmes académiques ont posé dans l’édifice de la pensée les pavés les plus affermissants. Les livres de Dulaurens sont autant de frondes qui projettent ces piques enflammées au derrière des pince-sans-rire et des chantres de l’ordre censeur. Dulaurens, c’est le désordre heureux érigé en idéal. Son Antipapisme n’est pas une simple diatribe contre la papauté, ni même une initiative militante. On y trouve, derrière le schéma de la satire anticléricale usuelle en ce siècle des Lumières, une critique profonde de l’étroitesse d’esprit et un appel à la bonté la plus ouverte. Ce conte aux accents lyrico-sadiens file la métaphore de l’irrespect salutaire, de la tolérance, et de la vigilance. L’Antipapisme révélé, véritable supplique à la libre pensée, est à inscrire parmi les textes fondateurs de l’esprit libertaire. Sa rédaction est empreinte d’un humour proche de l’inconséquence que l’auteur paya de sa liberté. Cet ouvrage rare est l’une des comètes du bonheur traçant sa semence d’optimisme dans une éternité d’aveuglement.