Comme d'habitude et par naturelle distraction, j'avais mal commandé mon entrée (un bouillon de langoustines gentiment banal) alors qu'en face il y avait un somptueux marbré de boudin noir au foie gras. Le décor, vous l'avez aussi déjà dessiné sur la buée des songes : un bistrot gourmand, des sous-verre au mur, des miroirs, l'ampoulement désuet des années, des affiches, des boiseries. On voudrait parfois se laisser enfermer à double tour dans ces petites républiques oubliées, ces duchés en chaussons, voir le monde défiler à l'extérieur tout en savourant lentement un cornas des familles. Un carré d'agneau somptueux vous réveille de votre torpeur. Il est signé du boucher Hugo Desnoyer, on en revient immédiatement à remettre les curseurs au bon endroit. Juteux, herbacé, une petite merveille qu'accompagnaient méthodiquement et fermement de solides pommes de terre frites. Ce genre de composition, c'est imparable, chacun à sa place, chacun dans son rôle : les patates font les roues du carrosse, la viande se pavane, c'est comme ça la vie.
Comme d'habitude et par naturelle distraction, j'avais mal commandé mon entrée (un bouillon de langoustines gentiment banal) alors qu'en face il y avait un somptueux marbré de boudin noir au foie gras. Le décor, vous l'avez aussi déjà dessiné sur la buée des songes : un bistrot gourmand, des sous-verre au mur, des miroirs, l'ampoulement désuet des années, des affiches, des boiseries. On voudrait parfois se laisser enfermer à double tour dans ces petites républiques oubliées, ces duchés en chaussons, voir le monde défiler à l'extérieur tout en savourant lentement un cornas des familles. Un carré d'agneau somptueux vous réveille de votre torpeur. Il est signé du boucher Hugo Desnoyer, on en revient immédiatement à remettre les curseurs au bon endroit. Juteux, herbacé, une petite merveille qu'accompagnaient méthodiquement et fermement de solides pommes de terre frites. Ce genre de composition, c'est imparable, chacun à sa place, chacun dans son rôle : les patates font les roues du carrosse, la viande se pavane, c'est comme ça la vie.