La Vie des Vierges, ou Les devoirs et les obligations des vierges chrétiennes, par Girard de Villethierry, est comme un manuel d'instructions pour des jeunes femmes invitées à conserver leur virginité par amour de Dieu. Ce livre ne s'adresse pas à des religieuses, mais à toutes celles qu'une vie d'ascèse et d'abstinence sexuelle séduirait. Le côté utopique des recommandations reflète l'inquiétude de l'auteur devant le relâchement des moeurs de son époque. Il révèle également une sourde misogynie héritée de l'intraitable tradition de l'Eglise, incarnée par Jérôme, Augustin et tant d'autres encore. A contrario le traité de Girard illustre les criantes lacunes de l'éducation féminine au XVIIe siècle, réduite ici à une série de graves conseils destinés à prôner la "mort au monde", plutôt que la vitalité vibrante de la sexualité féminine. Sur le plan historique, le traité de Girard, fréquemment réédité, démontre que l'émancipation féminine au XVIIe et XVIIIe siècles avait encore beaucoup de chemin à parcourir.