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Le palais des mille vents Tome 2
Les nuits de Saint-Petersbourg
Les nuits de Saint-Petersbourg
Avis posté le 2022-11-20
Une aventure merveilleuse
1848, dans la région de Saint-Pétersbourg. La Princesse Iéléna Vatchenko fuit sa vaste demeure, à cheval, accompagnée de ses chiens. Elle a besoin de s’éloigner pour pleurer. Quelques jours plus tôt, elle a donné naissance à des jumeaux et l’un d’eux est décédé. Elle ne veut pas assister à la cérémonie d’adieu. Sa chevauchée est stoppée par un spectacle horrible : la neige est ensanglantée et une troïka est renversée. Sur les lieux de l’accident, elle entend les pleurs d’un bébé. « Ce ne pouvait être un hasard. Cet enfant était là pour elle, pour combler ce vide qui, depuis la nuit dernière, l’empêchait de respirer. » (p. 41) Elle est persuadée qu’il est la réincarnation de Alekseï. Elle convainc son époux, Vassili, d’élever le petit, comme leur propre fils, auprès de Viktor. Cette décision scelle leur destin.
Les deux bébés sont élevés comme des frères. Ils grandissent heureux, sans soupçonner la vérité. Le prince et la princesse respectent les personnes qui travaillent pour eux, aussi, celles-ci leur sont dévouées et fidèles : leur secret n’est pas éventé. Pavel, un moujik (paysan) et son fils Nikolaï veillent sur leurs maîtres. Seul le frère cadet de Vassili représente un danger, en raison de sa jalousie au sujet de l’héritage familial. Par appât du gain, il est prêt à tout pour se venger de son aîné. Il se jure de prendre sa place. Hélas, la quiétude du domaine est ébranlée par la guerre en Crimée. « Les Français et les Britanniques menacent de gagner, il faut des troupes fraîches » (p. 168).
Les nuits de Saint-Pétersbourg est le deuxième tome de la saga Le Palais des Mille vents. Cependant, ce sont de nouveaux personnages qui sont au cœur de l’intrigue, bien que la quête du précédent opus soit présente en filigrane.
Je me suis énormément attachée à cette famille qui nous est présentée. Iéléna est une femme sensible et forte. Son instinct maternel lui insuffle un courage qu’elle ne s’imagine pas posséder. Par amour, que ce soit pour ses fils, pour son époux, pour ses employés ou pour ses animaux, elle affronte les épreuves avec ardeur et témérité. Rien ne lui fait peur, même pas la mort, quand il s’agit de protéger les siens. Sa gentillesse, sa générosité et, surtout, la considération pour ceux qui travaillent pour elle lui apportent leur affection et leur attachement. Aussi, ils sont prêts à tous les sacrifices pour le bonheur de leur maîtresse. Vassili possède les mêmes qualités que son épouse. C’est un homme aimable, un mari aimant et un père présent. Il ne recule pas devant son devoir. Sa bonté est reconnue par Pavel, qui n’abandonne jamais son maître. J’ai aimé la fidélité de ce moujik tendre et discret. Il a transmis ses valeurs à son fils. Celui-ci, Nikolaï, m’a émue par son abnégation et par la pureté de ses sentiments.
De nombreuses épreuves constituent l’essence des Nuits de Saint-Pétersbourg. De nombreuses fois, un cri de détresse et d’effroi s’est échappé de ma gorge. J’étais tant emportée par l’histoire que je la vivais avec mes tripes. J’ai été remuée par les drames qui émaillent le récit, d’autant qu’ils se produisent, souvent, lorsque la situation semble apaisée. Je ne les anticipais pas et je les découvrais avec surprise et émotion.
Comme dans les ouvrages précédents de l’auteure, le paysage et le climat sont des personnages à part entière du récit. L’écriture est très cinématographique : chaque scène s’infiltre dans notre pupille, notre imagination est attisée, tous nos sens sont éveillés et les descriptions s’inscrivent dans les évènements. La lecture de ce roman est une aventure merveilleuse. Kate McAlistair a une plume exceptionnelle : chaque phrase génère une sensation ou un sentiment.
J’ai eu un immense coup de cœur pour Les Nuits de Saint-Pétersbourg.
1848, dans la région de Saint-Pétersbourg. La Princesse Iéléna Vatchenko fuit sa vaste demeure, à cheval, accompagnée de ses chiens. Elle a besoin de s’éloigner pour pleurer. Quelques jours plus tôt, elle a donné naissance à des jumeaux et l’un d’eux est décédé. Elle ne veut pas assister à la cérémonie d’adieu. Sa chevauchée est stoppée par un spectacle horrible : la neige est ensanglantée et une troïka est renversée. Sur les lieux de l’accident, elle entend les pleurs d’un bébé. « Ce ne pouvait être un hasard. Cet enfant était là pour elle, pour combler ce vide qui, depuis la nuit dernière, l’empêchait de respirer. » (p. 41) Elle est persuadée qu’il est la réincarnation de Alekseï. Elle convainc son époux, Vassili, d’élever le petit, comme leur propre fils, auprès de Viktor. Cette décision scelle leur destin.
Les deux bébés sont élevés comme des frères. Ils grandissent heureux, sans soupçonner la vérité. Le prince et la princesse respectent les personnes qui travaillent pour eux, aussi, celles-ci leur sont dévouées et fidèles : leur secret n’est pas éventé. Pavel, un moujik (paysan) et son fils Nikolaï veillent sur leurs maîtres. Seul le frère cadet de Vassili représente un danger, en raison de sa jalousie au sujet de l’héritage familial. Par appât du gain, il est prêt à tout pour se venger de son aîné. Il se jure de prendre sa place. Hélas, la quiétude du domaine est ébranlée par la guerre en Crimée. « Les Français et les Britanniques menacent de gagner, il faut des troupes fraîches » (p. 168).
Les nuits de Saint-Pétersbourg est le deuxième tome de la saga Le Palais des Mille vents. Cependant, ce sont de nouveaux personnages qui sont au cœur de l’intrigue, bien que la quête du précédent opus soit présente en filigrane.
Je me suis énormément attachée à cette famille qui nous est présentée. Iéléna est une femme sensible et forte. Son instinct maternel lui insuffle un courage qu’elle ne s’imagine pas posséder. Par amour, que ce soit pour ses fils, pour son époux, pour ses employés ou pour ses animaux, elle affronte les épreuves avec ardeur et témérité. Rien ne lui fait peur, même pas la mort, quand il s’agit de protéger les siens. Sa gentillesse, sa générosité et, surtout, la considération pour ceux qui travaillent pour elle lui apportent leur affection et leur attachement. Aussi, ils sont prêts à tous les sacrifices pour le bonheur de leur maîtresse. Vassili possède les mêmes qualités que son épouse. C’est un homme aimable, un mari aimant et un père présent. Il ne recule pas devant son devoir. Sa bonté est reconnue par Pavel, qui n’abandonne jamais son maître. J’ai aimé la fidélité de ce moujik tendre et discret. Il a transmis ses valeurs à son fils. Celui-ci, Nikolaï, m’a émue par son abnégation et par la pureté de ses sentiments.
De nombreuses épreuves constituent l’essence des Nuits de Saint-Pétersbourg. De nombreuses fois, un cri de détresse et d’effroi s’est échappé de ma gorge. J’étais tant emportée par l’histoire que je la vivais avec mes tripes. J’ai été remuée par les drames qui émaillent le récit, d’autant qu’ils se produisent, souvent, lorsque la situation semble apaisée. Je ne les anticipais pas et je les découvrais avec surprise et émotion.
Comme dans les ouvrages précédents de l’auteure, le paysage et le climat sont des personnages à part entière du récit. L’écriture est très cinématographique : chaque scène s’infiltre dans notre pupille, notre imagination est attisée, tous nos sens sont éveillés et les descriptions s’inscrivent dans les évènements. La lecture de ce roman est une aventure merveilleuse. Kate McAlistair a une plume exceptionnelle : chaque phrase génère une sensation ou un sentiment.
J’ai eu un immense coup de cœur pour Les Nuits de Saint-Pétersbourg.

Sous les soleils de Kyiv
Avis posté le 2022-11-04
Un roman poignant sur l’Holodomor
En 2014, Cassie, une jeune veuve, s’installe chez sa grand-mère, avec sa fille, en Illinois. Le comportement de son aïeule l’interpelle : elle cache de la nourriture, écrit des listes en ukrainien, etc. La jeune femme s’inquiète, mais sa Bobby ne répond pas à ses interrogations. La vieille dame n’a jamais parlé de sa jeunesse. Cependant, elle confie un carnet à Cassie dans lequel celle-ci découvre les souffrances du peuple ukrainien. Le récit comporte une double temporalité. La première se déroule en 2014 et concerne les douleurs de Cassie, après la perte de son époux dans un accident ; la deuxième se passe soixante-dix ans plus tôt, en Ukraine. Les chapitres sont une alternance des deux époques.
Katya vit heureuse avec sa famille, dans un village d’Ukraine. Elle est amoureuse de Pavlo et ses sentiments sont partagés. En septembre 1929, le jour du mariage de sa cousine, elle surprend une conversation inquiétante : les militants envahissent les villages, déportent certains habitants, en Sibérie, et obligent les autres à adhérer au kolkhoze. « L’Ukraine est une région fertile, une terre d’abondance, et Staline estime que nous devons être la corbeille à pain de l’Union soviétique. » (p. 26)
En janvier 1930, les militants pénètrent dans Sonyashnyky. Dès la première nuit, des hommes sont déportés, leurs femmes et leurs enfants reçoivent l’ordre de quitter le village et leurs maisons sont investies par les hommes de Staline. Les premiers mois, l’adhésion au kolkhoze n’est pas obligatoire, mais la pression est forte pour convaincre les derniers récalcitrants : taxes plus élevées, fusillades, déportations, etc. Quand tous les villageois sont forcés de participer au kolkhoze, ils n’ont déjà plus rien. Pourtant, le système est déterminé à leur prendre encore plus. Plus rien ne leur appartient, tout est à l’Etat : le moindre grain de blé, la plus petite souris dans le jardin, les animaux de la forêt, les oiseaux dans le ciel, les poissons dans les rivières… Le peuple n’a rien à manger et ceux qui ont encore la force de résister sont déportés ou tués.
Ce roman raconte l’Holodomor. « Entre 1932 et 1933, un Ukrainien sur huit est mort d’une famine provoquée par l’homme. Et uniquement par l’homme. » (p. 440) Staline a tenté d’exterminer le peuple ukrainien par la faim. La première fois que j’ai entendu parler de ce fait, c’était après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. J’avais été choquée et meurtrie. Cependant, même si les mots étaient brutaux, je n’avais pas pris conscience à quel point ils étaient justes. Ce roman m’a ouvert les yeux sur les véritables souffrances et sur la réalité des faits. J’ai ressenti la mort qui s’infiltrait dans les corps et les âmes, les forces qui s’éteignaient, j’ai vu les cadavres qui s’amoncelaient, révélant que certains avaient tenté de survivre, mais que leur organisme les avait abandonnés avant l’espoir. La population avait peu de chances de survie, car s’ils étaient surpris à manger des possessions de l’Etat, alors que même la nature appartenait au système, ils étaient abattus. La mort ou la mort : le choix était restreint. Alors que les récoltes étaient abondantes, Staline a instauré un génocide par la faim.
Ce livre montre, avec émotion, la résilience du peuple ukrainien. L’histoire de Katya et de ses proches, montre leur espoir de vie, leur instinct de survie et l’éternité des sentiments. J’ai aimé ces êtres, qui, plongés au cœur de la tyrannie et de la déshumanisation, n’ont, pourtant, pas perdu leur humanité et leurs espérances. J’ai été bouleversée par le récit de leurs souffrances et émue par l’amour qui n’a jamais quitté leur âme, qu’il soit fraternel, filial ou amoureux. Sous les soleils de Kyiv est un roman poignant sur une tragédie désirée et réalisée par un homme : Joseph Staline ; c’est un devoir de mémoire qui m’a ébranlée.
Erin Litteken indique que la parution de son roman a coïncidé avec l’agression de l’Ukraine par la Russie. Ces mots, prononcés par le père de Katya, avant l’arrivée des militants, dans son village, m’ont frappée en raison de sa résonance avec la guerre actuelle : « C’est la même histoire chaque fois. Depuis des siècles. Tout le monde veut la terre fertile d’Ukraine pour son propre compte et personne ne veut laisser les Ukrainiens libres de se gouverner. » (p. 43)
J’ai eu un coup de cœur pour Sous les soleils de Kyiv.
En 2014, Cassie, une jeune veuve, s’installe chez sa grand-mère, avec sa fille, en Illinois. Le comportement de son aïeule l’interpelle : elle cache de la nourriture, écrit des listes en ukrainien, etc. La jeune femme s’inquiète, mais sa Bobby ne répond pas à ses interrogations. La vieille dame n’a jamais parlé de sa jeunesse. Cependant, elle confie un carnet à Cassie dans lequel celle-ci découvre les souffrances du peuple ukrainien. Le récit comporte une double temporalité. La première se déroule en 2014 et concerne les douleurs de Cassie, après la perte de son époux dans un accident ; la deuxième se passe soixante-dix ans plus tôt, en Ukraine. Les chapitres sont une alternance des deux époques.
Katya vit heureuse avec sa famille, dans un village d’Ukraine. Elle est amoureuse de Pavlo et ses sentiments sont partagés. En septembre 1929, le jour du mariage de sa cousine, elle surprend une conversation inquiétante : les militants envahissent les villages, déportent certains habitants, en Sibérie, et obligent les autres à adhérer au kolkhoze. « L’Ukraine est une région fertile, une terre d’abondance, et Staline estime que nous devons être la corbeille à pain de l’Union soviétique. » (p. 26)
En janvier 1930, les militants pénètrent dans Sonyashnyky. Dès la première nuit, des hommes sont déportés, leurs femmes et leurs enfants reçoivent l’ordre de quitter le village et leurs maisons sont investies par les hommes de Staline. Les premiers mois, l’adhésion au kolkhoze n’est pas obligatoire, mais la pression est forte pour convaincre les derniers récalcitrants : taxes plus élevées, fusillades, déportations, etc. Quand tous les villageois sont forcés de participer au kolkhoze, ils n’ont déjà plus rien. Pourtant, le système est déterminé à leur prendre encore plus. Plus rien ne leur appartient, tout est à l’Etat : le moindre grain de blé, la plus petite souris dans le jardin, les animaux de la forêt, les oiseaux dans le ciel, les poissons dans les rivières… Le peuple n’a rien à manger et ceux qui ont encore la force de résister sont déportés ou tués.
Ce roman raconte l’Holodomor. « Entre 1932 et 1933, un Ukrainien sur huit est mort d’une famine provoquée par l’homme. Et uniquement par l’homme. » (p. 440) Staline a tenté d’exterminer le peuple ukrainien par la faim. La première fois que j’ai entendu parler de ce fait, c’était après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. J’avais été choquée et meurtrie. Cependant, même si les mots étaient brutaux, je n’avais pas pris conscience à quel point ils étaient justes. Ce roman m’a ouvert les yeux sur les véritables souffrances et sur la réalité des faits. J’ai ressenti la mort qui s’infiltrait dans les corps et les âmes, les forces qui s’éteignaient, j’ai vu les cadavres qui s’amoncelaient, révélant que certains avaient tenté de survivre, mais que leur organisme les avait abandonnés avant l’espoir. La population avait peu de chances de survie, car s’ils étaient surpris à manger des possessions de l’Etat, alors que même la nature appartenait au système, ils étaient abattus. La mort ou la mort : le choix était restreint. Alors que les récoltes étaient abondantes, Staline a instauré un génocide par la faim.
Ce livre montre, avec émotion, la résilience du peuple ukrainien. L’histoire de Katya et de ses proches, montre leur espoir de vie, leur instinct de survie et l’éternité des sentiments. J’ai aimé ces êtres, qui, plongés au cœur de la tyrannie et de la déshumanisation, n’ont, pourtant, pas perdu leur humanité et leurs espérances. J’ai été bouleversée par le récit de leurs souffrances et émue par l’amour qui n’a jamais quitté leur âme, qu’il soit fraternel, filial ou amoureux. Sous les soleils de Kyiv est un roman poignant sur une tragédie désirée et réalisée par un homme : Joseph Staline ; c’est un devoir de mémoire qui m’a ébranlée.
Erin Litteken indique que la parution de son roman a coïncidé avec l’agression de l’Ukraine par la Russie. Ces mots, prononcés par le père de Katya, avant l’arrivée des militants, dans son village, m’ont frappée en raison de sa résonance avec la guerre actuelle : « C’est la même histoire chaque fois. Depuis des siècles. Tout le monde veut la terre fertile d’Ukraine pour son propre compte et personne ne veut laisser les Ukrainiens libres de se gouverner. » (p. 43)
J’ai eu un coup de cœur pour Sous les soleils de Kyiv.

Le Chant des reines
Avis posté le 2022-10-27
Un roman sensible et délicat
Depuis quatre ans, Fanny possède une ferme apicole. Elle vit seule avec sa chienne Glinka, mais elle se rend, régulièrement, au bar de l’Ecluse, tenu par son amie Suzanne. Cette dernière connaît le passé que fuit l’apicultrice. Elle sait aussi ses attentes et ses espoirs. Elle est la détentrice de ses secrets sur lesquels elle veille sans, pourtant, les parcourir.
Cet été, Fanny décide de prendre une stagiaire. C’est le premier jour d’Angora, intéressée par l’élevage d’abeilles. Au début, les questions personnelles de la jeune fille gênent sa maître de stage, pour qui il est difficile de renoncer à la solitude. « Une douce sauvage qui s’est retirée du monde, c’est à cela que Fanny lui fait penser. » (p. 48) Mais, lorsqu’elle décrit son métier et présente ses installations, elle se transforme. Enthousiaste, elle transmet sa passion avec pédagogie et exaltation. J’ai été fascinée par ses explications sur le fonctionnement des abeilles, sur le rôle de chacune au sein de la ruche. J’ai été émerveillée par ses éclaircissements au sujet de la hiérarchie et les besoins de chacune. Fanny mêle la magie et la rationalité : elle est captivante. J’ai aussi aimé le respect qu’elle témoigne à la nature.
Ancienne infirmière, Fanny a quitté la région parisienne pour tenter de se reconstruire. Entièrement dévouée à ses abeilles, elle exprime ses douleurs dans ses peintures et ses écrits. Elle extériorise le manque provoqué par la disparition de son fils. Au début, le défaut d’informations m’a fait imaginer une histoire éloignée de la réalité. Puis, des phrases glissées, avec parcimonie, m’ont orientée dans une autre direction. Fanny entoure ses souffrances d’un voile de pudeur, aussi, ses confidences sont morcelées. Ce sont les choix de mots ou l’absence de ceux-ci qui m’ont révélé, par petits bouts, son passé. J’ai été touchée par sa sensibilité, par ses épreuves, par sa force et par sa mansuétude.
Le Chant des reines a reçu le Prix Jeune Talent Jeannine Balland. J’ai, énormément, aimé la plume sensible et délicate de Sarah Bell. J’ai été émue par la personnalité douce et pudique de Fanny et j’ai été passionnée par ses descriptions du monde apicole. J’ai adoré ce roman.
Depuis quatre ans, Fanny possède une ferme apicole. Elle vit seule avec sa chienne Glinka, mais elle se rend, régulièrement, au bar de l’Ecluse, tenu par son amie Suzanne. Cette dernière connaît le passé que fuit l’apicultrice. Elle sait aussi ses attentes et ses espoirs. Elle est la détentrice de ses secrets sur lesquels elle veille sans, pourtant, les parcourir.
Cet été, Fanny décide de prendre une stagiaire. C’est le premier jour d’Angora, intéressée par l’élevage d’abeilles. Au début, les questions personnelles de la jeune fille gênent sa maître de stage, pour qui il est difficile de renoncer à la solitude. « Une douce sauvage qui s’est retirée du monde, c’est à cela que Fanny lui fait penser. » (p. 48) Mais, lorsqu’elle décrit son métier et présente ses installations, elle se transforme. Enthousiaste, elle transmet sa passion avec pédagogie et exaltation. J’ai été fascinée par ses explications sur le fonctionnement des abeilles, sur le rôle de chacune au sein de la ruche. J’ai été émerveillée par ses éclaircissements au sujet de la hiérarchie et les besoins de chacune. Fanny mêle la magie et la rationalité : elle est captivante. J’ai aussi aimé le respect qu’elle témoigne à la nature.
Ancienne infirmière, Fanny a quitté la région parisienne pour tenter de se reconstruire. Entièrement dévouée à ses abeilles, elle exprime ses douleurs dans ses peintures et ses écrits. Elle extériorise le manque provoqué par la disparition de son fils. Au début, le défaut d’informations m’a fait imaginer une histoire éloignée de la réalité. Puis, des phrases glissées, avec parcimonie, m’ont orientée dans une autre direction. Fanny entoure ses souffrances d’un voile de pudeur, aussi, ses confidences sont morcelées. Ce sont les choix de mots ou l’absence de ceux-ci qui m’ont révélé, par petits bouts, son passé. J’ai été touchée par sa sensibilité, par ses épreuves, par sa force et par sa mansuétude.
Le Chant des reines a reçu le Prix Jeune Talent Jeannine Balland. J’ai, énormément, aimé la plume sensible et délicate de Sarah Bell. J’ai été émue par la personnalité douce et pudique de Fanny et j’ai été passionnée par ses descriptions du monde apicole. J’ai adoré ce roman.