Alain P.

Le père de l'auteur est arrivé en France en 1929 depuis la région de Pékin où ses parents étaient des paysans aisés. Ses frères aîné et cadet le suivront. L'un sera cuisinier et l'autre étudiera l'architecture avant de retourner dans son pays. Les deux autres frères compromis avec le Guomindang fuiront à Taiwan en 1949... Shu Kai (père de l'auteur) sera pédicure dans l'un des salons les plus appréciés de Paris. Il soignera , entre autres, Claude François et la danseuse Janine Charrat. En 1967, le père et le fils iront en Chine ; à Pékin alors secoué par la Révolution culturelle. Souvenirs remarquables pour Jean Tuan alors âgé de 14 ans qui sera même Garde rouge honorifique ! Ensuite de 1980 à 2010, il fera des séjours annuels et sera un témoin privilégié des incroyables changements qui bouleversent le pays. Dès 1980 il pourra traverser la Chine en voyageant en individuel. En 1995, il sera un des premiers journalistes à présenter les compagnies aériennes chinoises et les aéroports de Pékin et Shanghai. Le livre est une biographie du parcours exceptionnel du père et un témoignage unique des changements survenus depuis 1980. L'auteur n'est ni partisan ni ne rejette la Chine mais porte un regard lucide. Deux exceptionnels cahier de photos illustrent le texte que la sinologue Marie Holzman a préfacé. Pour ceux qui souhaitent mieux connaître les réalités liées à la Chine, ce livre est indispensable.

Lecture opportune... parce qu'elle traite d'un sujet d'actualité : l'installation de la 5G en France par un opérateur chinois d'envergure mondiale. Parce que nous retrouvons le commissaire toulousain Cyprien Bonassieu. Il n'a rien perdu de son caractère critique et de son épicurisme qui nous avaient déjà enchanté dans ses deux précédentes apparitions ("L'empreinte du dragon" et "Terres rares"). L'auteur, observateur attentif de la Chine (son premier séjour remonte à... 1967), nous dévoile les menaces que ce pays fait peser sur nos vies. Il est crédible car sans parti-pris et par ses constats objectifs. Ce roman, comme les deux précédents, se lit agréablement. Les intrigues sont prétextes à des découvertes culturelles et gastronomiques. Lecture bienvenue en ces temps troublés.

Les témoignages des occidentaux présents en Chine à cette époque sont limités. En effet il leur étaient impossible en dehors du contexte officiel, d'avoir des relations avec des chinois. Difficile de se lier d'amitié et encore plus d'être reçu dans une famille. Il en est toute autre chose de Jean Tuan, fils d'immigré chinois installé en France dès 1929. L'excellent « Un siècle chinois » (Edition C.L.C), qui sortira au printemps 2021, nous plonge dans l'histoire de la communauté chinoise vivant en France dans la seconde moitié du XXème siècle. Et surtout, l'auteur nous rapporte son incroyable séjour à Pékin durant l'été 1967 alors que le pays est plongé en pleine révolution culturelle. Séjour vécu au plus près des chinois, en vivant avec eux. Il sera même « garde rouge honorifique », certainement un des rares occidentaux à l'avoir été… Ensuite Jean Tuan nous fait vivre la spectaculaire évolution du pays de 1980 à 2000 dont il a été un témoin privilégié grâce encore une fois à ses origines. Marie Holzman, sinologue de renom, a préfacé cet ouvrage, reconnaissant son caractère unique.