Will

Riche, ambitieux et généreux. Dehors jésus est une proposition de traversée des temps, jeune-vieux, vieux-jeune, amour-passion, passion d’amour, amitiés, rivalités, solitudes assumées, assumer la solitude. Le temps passe aussi -au travers- sans que les temps anciens ne soient taris. Redondance et rythme, alternance de propositions, un ouvrage riche et nécessaire. « Jésus est un poète qui trace sa vivance dans le poème ».

Comment une jeune collégienne d’un lycée privé du Liban peut-elle transformer ses fantasmes, ses rêves fiévreux ? Par quels mécanismes peut-elle assouvir une curiosité du corps sans qu’elle soit prise pour cible et défaite par son entourage ? Un texte brut, superbe sur l’aspiration à la découverte des premiers émois.

Nous sommes en 1915 à Varsovie. Max et Flora rendent visite à leurs amis, Leah et Meir. La visite n’est pas seulement de courtoisie, Max et Flora ont besoin de filles pour leur réseau de prostitution à Buenos-Aires. Mais le Dieu joueur de nos amis les a remarqués et Max s’enferre dans une série de faux pas plus grossiers les uns que les autres. Drôle, profond, de la tragédie à bien des égards. Bashevis-Singer nous propose une comédie existentielle teintée de religiosité juive et d'agnosticisme. Génial !

C’est parfois de l’ennui que naît l’exercice d’exploration de la fine frontière séparant le corps et l’esprit. Notre protagoniste anéantie par la vacuité d’une vie qui se propose sans substance s’adonne à la masturbation. Une activité qu’elle voudra personnelle, se déliant d’elle pour se recomposer autre. Louise-Amada D. nous propose un texte puissant où rien n’est laissé au hasard, où toute chose en apporte une autre. Une force de la ritournelle dont le ton et le rythme se réinventent à chaque jeté.

La page de l’Histoire concernant l’Indochine est souvent occultée. L’Indochine doit venir à vous. Je ne me souviens pas avoir étudié à l’école le conflit dès lors Une sortie honorable nous ouvre en grand les portes d’un casse-tête militaire, politique et social.

C’est un moment politique et, dans le même jet, d’intimité dans la vie de Paul. Nous sommes, autant les protagonistes que le lecteur, comme ces avions de papiers qui tentent, d’un bouleversement à un autre, de filer droit en s’agrippant aux courants, jusqu’à l’inévitable.

C’est l’histoire d’un homme seul dans une forêt immense qu’il arpente, qui se confond avec lui et son histoire. Il s’évertue à aller à la rencontre de sa famille, oncles et tantes. En chemin, il croisera la route d’un enfant de douze ans au caractère aventureux et versatile. S’en suit une épopée menée de mains de maître par Guay-Poliquin. Une écriture à la première personne qui arrive à arracher l’image autant de la nature que de celle de l’environnement civilisé.

Le fils et la mère ne s’attendaient pas à l’apparition du père et avec lui, le passé, les secrets, le vide. Ils devront bien l’accepter et le suivre. Jusqu’où? Del Amo nous tire dans les chemins tortueux de l’âme de ses protagonistes, sans complaisance. On pourrait y voir un sourire d’entomologiste dans l’observation des personnages. Une histoire de filiation, d’obsession séculaire, une ritournelle en somme qui ne laisse personne à l’abri de la tempête. Impitoyable et d’une beauté d’écriture hors norme.