Vieillir Chez Soi. Un Privilege ? Un Leurre ?

Dans l'Alsace " qui prend des rides ", près de 85 % de la population âgée de 60 ans et plus vit à la maison, dont un tiers seul dans un logement. Le Laboratoire de Sociologie Régionale et Européenne du CNRS et la Faculté des Sciences Sociales de l'Université de Strasbourg ont mené une enquête sur les conditions et les limites du maintien à domicile des personnes âgées, et corollairement, sur la nécessité de créer des lieux d'accueil collectif. Ils ont élaboré pour tous ceux qui sont préoccupés par le mieux-être d'une population vieillissante et fragilisée un recueil d'informations objectives et d'analyses rigoureuses, afin d'apprécier les besoins en matière de santé et d'aide personnalisée. Ils ont étudié successivement les conditions d'habitat, le réseau relationnel, les activités, l'état de santé, les activités ménagères, l'utilisation des services de maintien à domicile et le recours au système de soins. La vieillesse, d'une certaine façon, entraîne une remise en cause, voire un brouillage de l'identité. L'individu ne peut plus se définir par rapport à un métier, à un savoir et même à un savoir-faire. Il n'est plus d'aucune utilité et, progressivement, devient l'objet de son histoire. Il dépend des autres, ce qui ne va pas sans sentiment d'humiliation et de culpabilité. Même son corps le trahit. La tâche fondamentale de tous les intervenants à domicile et en institution, la plus exigeante peut-être, est de rendre à la personne âgée une certaine estime de soi, de l'amener à se forger des raisons de vivre, de l'aider à se sentir encore utile.